Oh, Sénégal !

"La pauvreté n'est pas d'être dépourvu de vêtements, est vraiment pauvre qui n'a personne."
-Proverbe sénégalais

Le Sénégal est un pays de l'Afrique de l'Ouest important pour sa localisation géographique. En effet, il s'ouvre sur l'Océan Atlantique, ce qui donne de très grosses vagues lorsque l'on va se baigner, d'ailleurs j'en ai fait l'expérience et je peux vous dire que c'était à couper le souffle, des vagues qui vous retournent au point où l'on prend conscience de la puissance de Mère Nature. Mais le Sénégal n'est pas seulement important pour sa géographie ou pour son caractère historique sinon aussi pour le rassemblement multiculturel et ethnique que l'on peut y trouver. Il est doté d'une richesse humaine époustouflante, ce qui m'amène à vous rapporter mon expérience vécue de Juin à Juillet 2018.

Plage de Tarè - Potou, Louga

Je me suis engagée pour l'année 2017-2018 dans une association d'aide au développement nommée plus communément AEAD, située sur le Campus Solbosch de l'Université Libre de Bruxelles. C'est une association qui mène, depuis aujourd'hui 4 ans, un projet de solidarité internationale dans un village sénégalais choisi par notre ONG partenaire ADEV (= Afrique Développement).

Marché de Potou - un des plus grands du Sénégal

Je commencerai le premier chapitre de ce "carnet de voyage" en décrivant notre domaine d'accueil durant la première semaine de notre aventure. Le projet que nous avons proposé pour cette année est la construction d'une salle de classe et d'une case de santé dans un village nommé Ndadé, se trouvant à quelques kilomètres de Potou. Potou est un village beaucoup plus peuplé, apprécié d'un côté pour son divertissement culturel avec son quai de pêche et sa plage de sable blanc et d'un autre côté pour son divertissement commercial avec son marché hebdomadaire, classé comme l'un des plus grands du Sénégal. On retrouve aussi la vente d'oignons qui est une ressource économique importante dans la région.

Récolte des oignons.
Cependant, bien que cela semble  être un endroit charmant et bucolique, il y a une réalité qui m'a frappé de plein fouet dès que l'on traverse cette terre sénégalaise. Des montagnes d'ordures, de plastique volant dans la faune et flore, parfois même présentes à des endroits inhabités, arrivées là par la force du vent ou la poussière du sable. J'ai réalisé que le système de gestion des déchets est déplorable. Le tri des déchets est inexistant. Dans le paysage époustouflant du Sénégal se trouve inévitablement des cimetières d'immondices. Concernant les déchets ménagers, dans le cas de la maison où l'on logeait, ils étaient déposés dans le fond du jardin, certes dans des sacs plastiques mais qui étaient aussitôt détruits par les animaux qui rodent autour de la maison, du chat à l'oiseau en passant par le rongeur et les insectes. Je suppose d'ailleurs que c'est une des raisons pour lesquelles certaines maladies, comme le paludisme, sont toujours présentes et, pour rappel, potentiellement mortelles. Ce problème sanitaire est présent à échelle nationale, mais les endroits ruraux comme Potou sont encore plus touchés, la commune n'a pas les moyens de faire bouger les choses et les habitants ne savent pas comment s'y prendre. Je vous omet l'odeur nauséabonde qu'on peut parfois sentir lorsqu'il y a un trop grand rassemblement de déchets entreposés au soleil. De plus, cette insalubrité provoque une morbidité urbaine importante, surtout chez les plus jeunes et notamment les nourrissons avec un taux de morbidité diarrhéique très élevé. Les animaux qui circulement librement autour de la propriété à laquelle ils appartiennent sont eux-aussi porteurs du fléau de la maladie.

Pour plus d'infos, je vous conseille la lecture des articles suivants :

Simen, Serge Francis, et Assane Ndao. « L'effet de la mise en place d'une stratégie de Responsabilité Sociale de l'entreprise sur la culture organisationnelle : Analyse, implications et enjeux pour le Sénégal », Revue Congolaise de Gestion, vol. numéro 17, no. 1, 2013, pp. 131-170.

Sy, Ibrahima, et al. « Gestion de l'espace urbain et morbidité des pathologies liées à l'assainissement à Rufisque (Sénégal) », L’Espace géographique, vol. tome 40, no. 1, 2011, pp. 47-61.


Village de Potou

En parlant d'animaux, Il faut aussi préciser que, au Sénégal et dans d'autres pays en  voie de développement, les personnes les plus démunies ne possèdent pas de voitures. Alors ici, j'ai été habituée à voir les marchandises transportées le plus souvent non pas par des chevaux mais par des ânes. Ceux-ci très souvent maigrelets et pas plus grand qu'un mètre cinquante, portant des charges sûrement 10 fois plus lourdes qu'eux. Ces ânes sont attachés à une sorte de planche en bois très grande qui tient sur parfois deux roues ou parfois quatre. Le plus souvent, ceux qui conduisent ces engins sont des enfants, complètement debout sur cette planche de bois tel un gladiateur de l'Antiquité sur son char. Cela pourrait probablement choquer la plupart des lecteurs, je l'ai d'ailleurs été moi-même mais en y réfléchissant, cela fait également partie de leur culture, et c'est d'ailleurs un des chocs culturels qui en a perturbé plus d'un dans notre groupe. Je n'ai pas envie de prendre position par rapport à la cause animale et juger le fait que ce soit bien ou mal, je rends juste compte de la réalité, c'est la manière la plus adéquate de dire la vérité. Il est vrai que bien souvent l’analyse des faits sociaux se trouve sous l’influence, voire la pression, de considérations morales et encore davantage lorsque ceux-ci sont l’objet d’une polémique surtout pour notre époque changeante qui lutte pour des conditions durables et écologiques. Mais mon but ici n’est pas de dénoncer une situation sociale mais de montrer les différences culturelles et sociales rencontrées lors de mon voyage. D'ailleurs, ces changements sont petit à petit mis en place, bien que la politique ne s'implique pas dans ce genre de mouvement "vert" et que, malheureusement, la corruption est beaucoup trop présente à l'inverse des subventions écologiques.


Mode de transport le plus typique
C'est sur cette note songeuse que je termine cette présentation de Potou. Ayant contextualisé l'environnement dans lequel je me trouve, la prochaine fois je vous emmène au village de Ndadé et découvrir l'histoire de ces trois grandes familles qui forment ce village.

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Si vous êtes curieux, voici les démarches que j'ai du entreprendre pour participer au voyage:

- Être membre de l'AEAD et prendre part activement à la  récolte de fond, être présent aux formations et de préférence aux activités de coopération au développement en Belgique.

- Rédiger une lettre de motivation - c'est à toi de voir ce que tu veux mettre dedans, c'est à toi de décider ce que tu veux partager et de définir tes motivations.

-  Le nombre de participants est limité, il y a donc des interviews réalisées pour analyser ta candidature.

- Il faut compter +/- 700 euros au total pour le voyage. (Je précise que cela varie en fonction des années, j'ai déboursé 950 euros).

- L'université n'intervient pas ; c'est une association entièrement gérée par des étudiants, mais le cercle est en partenariat avec l'ONG ULB-Coopération qui nous épaule sur certains aspects.

- L'association intervient dans l'éducation humanitaire dans le sens où l'impact le plus important de la récolte de fond, des activités en Belgique, des formations et du voyage est la sensibilisation aux différences et aux difficultés - et surtout à l'ouverture de conscience qu'il est possible d'agir et d'avoir une influence à travers ses actions.

- Enfin libre à toi d'amener certaines pistes d'idées pour des projets plus concrets, que le cercle pourra mettre en place, touchant à l'éducation humanitaire, c'est tout à fait envisageable !

C'est donc une aventure non pas seulement de deux semaines dans laquelle je me suis lancée mais dans un projet à long terme (1 an) qui permet vraiment de se sentir investi.e sur un plan à long terme aussi bien dans un volet nord (en Belgique) et un volet sud (Sénégal).
Infos sur http://aead.be/
AEADhérents 2017-2018

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