Fatou et la cuisine sénégalaise

L'assiette sénégalaise ressemble assez à celle que j'ai l'habitude de manger en Belgique; au niveau des féculents il y aussi bien des pommes de terre, du riz, du blé et même des frites! Je n'ai pas mangé de pâtes mais ce n'est pas plus mal, laissons-les à l'Italie. En ce qui concerne les légumes, il y avait de tout : aubergine, choux, carotte, haricots ajoutés à l'apport de viande/poisson. La cuisine sénégalaise est donc riche et variée. Mais comme cité dans un des articles précédents "Oh, Sénégal!", la région étant bordée par l'Océan Atlantique, le poisson occupe une place de choix. Les plats peuvent être braisés, frits ou même fumés. D'ailleurs, la cuisine sénégalaise est dite la plus riche d'Afrique de l'Ouest. Les plats typiques ont été une vraie découverte pour moi tels que le Thiéboudienne et le  Poulet Yassa, le Mafé et le jus de Bissap. 

                                                                    Thiéboudienne

Le thiéboudienne est le plat national. En wolof, cette expression signifie littéralement « riz au poisson ». C'est en effet une préparation à base de poisson et de riz, cuits avec des légumes (manioc, chou, carotte, navet, aubergine…), des piments, de l'ail et des oignons. Cette préparation se fait également avec un cube Maggi pour relever le goût du plat et du concentré de tomate. Les deux sont des ingrédients pratiquement incontournables et j'en étais d'ailleurs assez surprise. 

Le jus de Bissap est la boisson que j'ai la plus appréciée du Sénégal; c'est un jus de couleur pourpre ou blanc fabriqué à partir des fleurs d'hibiscus (blanches ou rouges) additionnées d'eau, de sucre, parfois de menthe ou de fleur d'oranger. Malgré une production importante de fruits dans le pays, selon ce que j'ai pu voir,  la consommation de jus de fruits frais n'est pas si fréquente. Cependant, les mangues, les noix de coco, les bananes étaient délicieuses pour la saison. 


Pour ce qui est de la manière de manger, c'était tout à fait nouveau pour moi. Nous étions assis sur une natte très grande, et partagions entre 13 personnes, deux récipients métalliques énormes (cf. première photo). Bien que la nourriture était des plus délicieuses, manger par terre fut un énorme pas en dehors de ma zone de confort. En effet, il m'était difficile d'apprécier de manger parce qu'on était collé les uns aux autres en plein mois de Juillet avec un chaleur et humidité peu appréciables. Je n'avais pas de place pour tendre mes jambes alors je mangeais toujours de manière courbée ce qui me provoquait des douleurs dans le bas du dos. Je mangeais donc très vite pour ensuite m'appuyer le plus vite possible sur un mur, ce qui soulageait mes douleurs. Manger en posture indienne (les deux jambes croisées devant soi) n'est définitivement pas simple et agréable pour moi. C'est d'ailleurs une des choses qui me manquaient le plus, être assise sur une chaise lors du repas. Cependant, ce que j'ai beaucoup apprécié c'était de partager un plat entier pour 6, j'ai aimé voir que tout le monde était attentif à ce que chacun goûte de tout, qu'on était dans le partage et pas dans le chacun pour soi selon ses envies culinaires. 

Mais tout cela n'aurait jamais été possible sans Fatou, rebaptisée Mama Fatou. Cette dame aux yeux bleu aussi clairs que ses vêtements est définitivement une des personnes qui m'a marqué le plus dans ce voyage.

Mama Fatou 

Fatou était donc notre cuisinière attitrée durant notre présence à Potou. Elle nous a cuisiné des plats excellents. Mais ce n'est pas le seul souvenir qu'elle me laisse. En effet, Fatou est une femme de fort caractère. Je ne le dis pas dans un sens péjoratif, loin de là. Lorsque l'on rentrait du travail, j'avais besoin de trouver un peu de tendresse et donner beaucoup d'amour. Fatou avait le profil et l'âge d'une mère. Alors quand je rentrai à Potou, dans une des maisons secondaires du maire qui nous logeait bénévolement, je la rejoignais à l'extérieur, car elle cuisinait dehors en faisant un feu de bois à l'ancienne et je lui racontais ma journée, ce qui s'était passé sur le chantier. Je me souviens qu'un jour, je suis rentrée un peu plus tard que le groupe parce que j'étais passée dans un magasin de tissus pour me faire un boubou  (ensemble sénégalais). Lorsqu'elle a vu que je n'étais pas venue lui dire bonjour tout de suite lors de mon arrivée tardive, elle m'a disputée en brandissant une chaussure au dessus de sa tête, telle une mère qui attend son enfant qui rentre tard chez lui. J'ai trouvé ça mignon et choquant à la fois. Choquée de me dire qu'on s'était attachée très rapidement l'une à l'autre. Même si elle parlait peu français, on arrivait à se comprendre, à apprendre l'une de l'autre, à échanger ce qu'on avait sur le coeur. Il faut dire aussi que ce n'était pas toujours facile, elle pouvait être susceptible et ne comprenait pas toujours le ton de l'humour que l'on utilisait et pouvait être très sévère. Mais son adieu à tout le groupe fut assez émouvant, elle versa quelques larmes en montant dans la voiture. On a couru derrière comme des enfants, agitant nos mains comme dernier au revoir. 

La team autour de Fatou


A l'heure où je vous parle, je pense de temps en temps à Fatou et je m'en veux de ne pas lui écrire, chose que je lui avais promise. Je me rends compte de plus en plus que le quotidien me prend du temps, et que je trouve cela très dommage de ne pas prendre quelques minutes pour m'asseoir et lui raconter ma vie depuis mon départ du Sénégal. Je prends quand même de ses nouvelles par certains intermédiaires mais ce n'est pas la même chose. J'espère changer cela très bientôt, s'en rendre compte est une chose mais le faire en est une autre. 

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